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Albane LACROIX remporte le Prix Tony Garnier 2021

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Pour son projet de fin d'étude, Albane Lacroix, diplômée architecte de l'INSA Strasbourg en 2019, propose de réintégrer l'agriculture dans Paris, comme reconnexion entre l'homme et la nature, et lieu de vie plus raisonnable pour homo sapiens urbanus. Son étude a été récompensée fin mai 2021 par le Prix Tony Garnier de l'Académie d'architecture.

Propos recueillis par Stéphanie Robert

Des moutons qui entretiennent les espaces verts proches des Olympiades, où un château d’eau accueille des cultures en aquaponie ; des microélevages de lapins ou de poules et des microcultures hors-sol par les habitants de la place d’Italie ; des arbres fruitiers et une zone humide au Parc de Choisy… Trois « manifestes », qu’a choisis Albane Lacroix pour initier la transformation de la capitale, « un changement de paradigme », dans trois espaces délimités à l’intérieur de sa zone d’étude du 13e arrondissement.

« Actuellement, 50% de la population vit en ville et d’ici à 2050, ce chiffre devrait atteindre 70%. Toutes les régions du globe seront plus urbaines que rurales. Le challenge est l’imbrication d’une agriculture afin de réamorcer une symbiose, de rééquilibrer l’écosystème urbain. Tout changer du jour au lendemain n’est pas possible, il faut bien commencer quelque part, j’ai choisi trois lieux possibles pour initier des impulsions, et étendre ensuite le modèle sur l’ensemble de la zone, puis Paris » explique la jeune architecte.

DE MANIFESTES EN SCHÉMA DIRECTEUR

Parallèlement, elle a conçu un schéma directeur, servant de guide pour l’aménagement, à partir de son analyse de l’existant. « J’ai identifié trois conditions pour cultiver : les surfaces, les réseaux et les ressources pour la distribution en eau, énergie et nutriments, et une certaine politique. J’ai repéré cette zone de 180 ha dans le quartier chinois du 13e, car elle présentait des opportunités de surface. J’ai aussi identifié trois types d’acteurs, aux possibilités d’actions différentes mais qui s’entremêlent : les habitants dans leur rue, les pouvoirs publics qui gèrent les espaces publics, et les acteurs économiques. Chacun est dominant dans un des trois manifestes. Ce qui est important pour moi est de redonner un champ d’action à tous les acteurs » dit-elle.

MICROEXPÉRIENCES

Albane Lacroix envisage une agriculture complémentaire et connectée à celle de la campagne proche. Par exemple, les déchets organiques urbains fertilisent les champs, au lieu des engrais chimiques. Elle propose aussi de recréer des circulations dans la zone. « La ville est gérée par des grands systèmes d’alimentation et d’évacuation, comme les égouts. Nous pouvons imaginer des alternatives, des microexpériences, comme des microdigesteurs pour produire du biogaz chez soi à partir de ses déchets organiques ». Son schéma directeur prévoit une gestion locale des eaux de pluie, avec des noues, une zone humide, un château d’eau. « On peut réaliser cela partout, c’est la démonstration de mon projet » ajoute-t-elle.

Ses recherches l’ont aussi amenée à re-questionner le zonage, les PLU qui délimitent les zones agricoles, urbaines et naturelles. « Avant 1930, il y avait une certaine promiscuité en Ile-de-France entre l’agricole, le naturel et l’urbain. Elle avait engendré le développement de la meilleure horticulture jamais pratiquée dans la région, ainsi que le respect et l’entretien d’un écosystème riche. Le zonage créé dans les années 1940 répondait aux besoins d’une époque, mais nous ne sommes plus dans le même contexte. Nous devons relocaliser les échanges ».

RÊVER

Albane Lacroix a reçu la plus haute note de sa promotion, 18/20, elle qui croyait ne pas être reçue.

« C’était osé, car il n’y a pas de plans d’architecte dans mon projet, c’est une histoire, une vision. Tout le monde était inquiet pour moi. J’ai été très surprise. Les documents produits par ma super équipe de charrette ont beaucoup plu. »

Aujourd’hui, Albane implante des unités de méthanisation comme architecte pour un bureau d’études. Elle vient d’acheter une ferme à plusieurs dans la Sarthe pour expérimenter, et donner vie à ses rêves, tout en exerçant l’architecture.

 

Source : site Internet INSA Strasbourg

Crédit photo : Vianney LACROIX




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